Collection Edgar Quinet

Collection Edgar Quinet

La collection est un ensemble documentaire sur Edgar Quinet rassemblé par le donateur, Jean Boudout (1902-1971), inspecteur général de l'instruction publique qui rédigeait une thèse sur Edgar Quinet. Il a offert à la bibliothèque ses fiches de lecture et ses notes d’études en vue de cette thèse, mais aussi des éditions du XIXe siècle (surtout des œuvres de Quinet écrites entre 1831 et 1876) et de nombreuses brochures et tirés-à-part sur la production littéraire de l'époque. Des portraits officiels et des caricatures d’Edgar Quinet ou une collection de lettres originales d’Edgar Quinet, de sa femme Hermione Quinet ou d’Alfred Dumesnil complètent cet ensemble documentaire très riche sur cet homme politique républicain et défenseur de la laïcité.

L’ensemble des documents d’archives sont décrits dans le Catalogue national des Archives et manuscrits de l’Enseignement supérieur Calames.

Vous pouvez retrouver les livres et brochures de la collection dans notre moteur de recherche.

Des éditions des œuvres d’Edgar Quinet de la collection, une série de portraits et des lettres ont été numérisés et sont accessibles librement sur la bibliothèque numérique d’Université Côte d’Azur, Humazur.

Contacts et informations pratiques

Consultation des ouvrages ou des archives de la collection se fait sur rendez-vous. Contactez la BU Lettres Arts Sciences Humaines :

bu-lettres@univ-cotedazur.fr

Règlement de consultation

Focus sur

Edgar Quinet

Edgar Quinet naît à Bourg-en-Bresse, le 17 février 1803, d’une mère calviniste et d’un père commissaire des Armées. Cette double influence prend autant d’importance dans sa vie de philosophe de l’histoire marquée par le « génie des religions », que dans sa vie littéraire marquée par le sens épique. Il est également une figure politique républicaine reconnue du XIXe siècle. L'année 1823 est celle de sa première publication, « Les Tablettes du juif errant ».

Avec Jules Michelet, il dénonce publiquement en 1843 « l’esprit de mort » de la Compagnie de Jésus et prêche pour une révolution, faisant naître des mobilisations de leurs étudiants au Collège de France. Ils sont dès lors tous deux suspendus du Collège de France. La Révolution de 1848 leur rouvre les portes de l’enseignement, mais Edgar Quinet préfère se faire élire député de l’Ain à l’Assemblée Constituante, puis à l’Assemblée Législative. Il s’oppose aux décisions visant à protéger le pape face aux troupes patriotes de Garibaldi, et en tant que républicain, il s’exile après le coup d’Etat de Napoléon III et la proclamation du Troisième Empire le 2 décembre 1852. Commence alors la période de l’exil en Belgique, puis en Suisse, pendant laquelle il produit de nombreux ouvrages politiques, critiquant notamment dans l’ouvrage « La Révolution » l’héritage de la Révolution française de 1789, responsable des échecs des Ière et IIème Républiques. A la proclamation de la Troisième République, en 1870, il se fait élire Représentant de Paris en février 1871. Il rédige en 1872 « La République » et en 1874 « L’Esprit nouveau ». Jusqu’à sa mort le 27 mars 1875, il s'oppose au projet de Thiers d’une « République sans républicains ».

Des Jésuites

En 1842-1843, Edgar Quinet et Jules Michelet donnent tous deux au Collège de France un cours sur le même thème, les jésuites. La Compagnie de Jésus qui dépend de Rome représente un catholicisme ultramontain, autoritaire et dogmatique. Bien qu’ils aient été expulsés de France sous Louis XV, ils œuvrent fortement en France depuis la Restauration, notamment contre l’Université et son monopole d’État. Le cours d’Edgar Quinet traite de la littérature jésuite, celui de Michelet est d’emblée plus polémique puisqu’il attribue la pauvreté intellectuelle et morale de la France aux jésuites. Sa première leçon, le 27 avril, est reproduite immédiatement par un journal de gauche, « La Patrie ». Dès lors au milieu de ces élèves fidèles, une minorité opposée vient perturber ses cours. La presse s’en mêle : « Le Siècle » (républicain) publie les cours de Michelet et Quinet, et de nombreux journaux en reprennent des extraits. « L’Univers » (catholique ultramontain) proteste contre « les chefs d’un nouveau parti anti-jésuite, anti-prêtre ». Au mois de juillet 1843, Hachette publie les cours de Michelet et Quinet réunis dans un volume intitulé « Des jésuites ». La première édition est épuisée en 4 jours et remporte l’approbation autant de Théophile Gautier que de Mérimée ou Heine. Du côté catholique, dans « L’Univers », Louis Veuillot lance une pétition contre les « impies » du Collège de France, et dans un « Mémoire adressé aux évêques de France » de l’abbé Combalot ou dans » Le Monopole universitaire destructeur de la religion et des lois » du jésuite Deschamps, on vilipende l’Université d’Etat.

Les œuvres complètes chez Pagnerre

Exilé en mai 1852, suite au Coup d’Etat du 2 décembre 1851 de Napoléon III et l’instauration du Second Empire, Edgar Quinet fait part à son ami Alfred Dumesnil de son souhait de faire vivre et protéger son œuvre par une édition complète. En janvier 1857, un comité de publication se forme et le contrat avec la maison Pagnerre est signé le 7 janvier, chez Jules Michelet. Les ouvrages d’Edgar Quinet sont réédités sans correction, excepté « La Grèce moderne ». Alfred Dumesnil fait le lien entre Edgar Quinet et l’éditeur. Le tome X qui devait comprendre les textes « L'Enseignement du peuple » et « La Révolution religieuse au XIXe siècle », qui sont jugés compromettants par Pagnerre, ne peut être imprimé. Edgar Quinet compose alors l’« Histoire de mes idées » pour combler ce vide. Les textes refusés par Pagnerre sont imprimés dans un tome XI en 1860. L’ensemble est réédité et complété dans une nouvelle édition en 1870.

Malheureusement, cette première collection comporte une lacune (en plus des oeuvres parues après 1858) : les engagements pris avec Levrault en 1827 lors de la publication de la traduction des « Idées sur la philosophie de l'histoire de l’humanité de Herder » (Paris, Levrault, 1827-1828), empêchent Quinet de l'intégrer au projet.

Une nouvelle entreprise de publication d’oeuvres complètes est entreprise sur instigation des amis d’Edgar Quinet après sa mort, cette fois avec l’éditeur Germer-Baillière.